J'y étais…
Lecteur, depuis quelques mois, je te dévoile petit à petit ma life, je t'ai présenté mon doux époux, mon Pôpa, Mi Broteur n°1, Queen Mum, je te laisse mijoter un peu pour Mi Broteur n°2, mais là, y a une chose que je ne peux décemment plus te cacher. Depuis l'âge de 12 ans, je suis folle amoureuse de Paul McCartney. Si.
A l'âge ingrat où tes seins poussent moins que tes boutons d'acné, où tes copines se trémoussent devant les 2Be3 ou les New Kids on the Block, où la voix des garçons commence à dérailler autant que leur équilibre hormonal, ben moi j'écoutais les Beatles en boucle, je couvrais mes murs de posters des Fab Four, j'écoutais religieusement les 33 tours de mon Pôpa, et j'apprenais par cœur les paroles de "Across the Universe". Je pleurais chaque jour le fait d'être née 30 ans trop tard et arborais le look le plus décalée du collège (oué, habillée en seventies alors que la mode c'était Hélène et les Garçons, j'étais has been).
J'étais tellement fan que je parlais Beatles, je pensais Beatles, je vivais Beatles. Et confidence pour confidence, c'est moi que j'aime à travers vous c'est même la raison pour laquelle j'ai décidé d'étudier l'anglais. Bah oui, idiot, si Paul McCartney ne comprenait rien à ma déclaration d'amour le jour où je ne manquerais pas de le rencontrer, il me fallait maîtriser la langue des Scarabées pour lui dévoiler ma flamme. T'inquiète, mon mari chéri, dans sa grandeur d'âme, sait tout de mes sentiments pour Macca. Mais, il sait également, qu'un jour viendra où Paul et moi serons réunis, qu'il ne pourra plus rien pour me retenir, qu'il ne pourra pas aller contre le destin, et que, comme un poète moustachu l'a dit quelque part, c'est écrit (soupir et battements de cils). Je suis parfaitement consciente que Paul a 67 ans, merci, c'est pas la peine de remuer le couteau dans la plaie, je te dis que je suis née 30 ans trop tard.
Bref, mon amour des Beatles a fait de moi la Titcheur d'aujourd'hui, et je mets un point d'honneur à faire découvrir leur œuvre à mes élèves. Je sais, c'est pas évident. En général, j'ai droit à des "Madame, je comprends pas c'est quoi l'intérêt d'écouter des gens morts, z'avez pas le dernier Rihanna plutôt?". M'en fous, c'est pour leur bien, leur culture générale à ces nains, je leur inculquerai de force s'il le faut mais personne ne quittera ma classe sans connaître la date de l'assassinat de John Lennon (le 8 décembre, ça fait tout juste 29 ans, snif!) ou l'interprétation de la pochette d'Abbey Road.
Mais pourquoi me parler de ça aujourd'hui? t'interroges-tu certainement. Et bien tout simplement parce que hier soir j'étais à Bercy avec 17999 autres personnes (dont mi Broteurs) pour ce qui était peut-être l'ultime concert en France d'un des 2 derniers Beatles, Paul McCartney. C'était de la folaïe, de la bombasse de balle pour parler comme les djeuns. J'ai poussé tant de hurlements hystériques dignes de la Beatlemania des sixties qu'il ne me manquait que la cape et le masque noir pour aller avec ma voix de Dark Vador aujourd'hui en cours. Rien à péter.
Hier soir, j'ai chanté "Obladi Oblada" avec 17999 personnes. J'ai chialé sur "A Day in the Life". J'ai dansé sur "Paperback Writer". J'ai secoué mes cheveux sur "Helter Skelter". Mi Broteur n°2 m'a même portée sur ses épaules (merci frérot!) pour que je beugle mon amour à mon idole lorsque le dernier sursaut de dignité conscience m'a quittée. Deux heures quarante-cinq minutes de bonheur pur à écouter l'artiste qui fait vibrer mon être depuis 17 ans 3/4…
Alors oui, je voulais partager ça avec toi, parce que je t'aime bien au fond. Car si aujourd'hui, j'ai rangé mes posters et n'ai conservé que quelques reliques, dont d'inestimables vinyles collectors, si je n'ai pas encore claqué toute ma paye de novembre dans l'intégrale remasterisée des Beatles (tout simplement parce que je n'arrive pas à choisir entre la version mono et la version stéréo), hier je suis redevenue cette gamine de 12 ans, complètement fascinée par cette légende vivante qui était juste à quelques mètres, en transe sur une musique qui a fait vibrer des générations avant moi, fiévreuse d'émotion d'entendre en vrai cette voix qui a été la bande-son de ma vie. Rien que ça oué.
Paul McCartney, here, there, and everywhere...