Kit de survie à l'usage des couples en PMA #4
Alors, tu peux plus t'en passer de mes billets sur la PMA, hein? (Hein? Hein?). Ca tombe bien, aujourd'hui tu découvriras avec intérêt que la plus grosse difficulté en PMA n'est pas forcément là où l'on pense…
Quelques conseils avisés pour gérer la chose au mieux, donc.
Survivre à l'attente du verdict.
Si par bonheur, la stimulation a bien fonctionné, que la ponction a été un succès, que vous avez obtenu de beaux embryons et qu'on vous en a transféré un ou deux, s'en suit la période la plus traîtresse: l'attente du verdict.
Oui parce que toi, lecteur éprouvé, tu penses peut-être que maintenant qu'il n'y a plus de piqures et que l'anesthésie générale et son lot d'angoisses est passée, il n'y a plus qu'à croiser les doigts et reprendre sa vie normale en attendant de savoir si ça a marché. Laisse moi m'esclaffer de ta naïveté! Mouarf!
Crois-moi, le pire est devant toi. Je te promets. Ces 12 jours d'attente seront les plus longs de ta vie. Non pas que toi, tu te sentes particulièrement stressé par le suspense. Non, toi, en général, tu continues ta vie, tu vas bosser, tu rentres le soir regarder Les Experts, rien n'a changé.
Mais ta femme, elle, pensera à ce fichu verdict à chaque seconde de chaque minute de chaque heure de la journée, et ce, pendant 12 jours. Monomaniaque, elle ne pensera qu'à la possibilité que ça ait marché, comptera les jours en gravant des petits bâtons sur les murs des ouatères.
Elle passera de l'état d'extase pure ("Chéri, je suis sûre que ça a marché, je le sens trop, je suis enceinte!") à la dépression la plus totale ("Pffffffffff, ça a raté, c'est certain. Je me sens pas différente de d'habitude…").
Elle ne te parlera plus que de ses "symptômes": de ses seins qui ont grossi quand même, tu trouves pas? de ses nausées (à force de se tourner les neurones, ça lui a retourné l'estomac), de son ventre gonflé (reste de la stimulation et de la ponction), de ses intuitions de femme ("J'me sens trop enceinte!")… Bref, tant que la prise de sang ne sera pas faite, ce sera la prise de tête.
Quelles solutions apporter à cet état aussi fébrile qu'insupportable? J'ai bien quelques idées, plus ou moins testées personnellement, mais je ne garantis rien.
- Tu peux essayer de la ligoter et de la bâillonner pendant 12 jours. Le problème c'est que c'est illégal, qu'il faudra quand même la nourrir (et donc enlever le bâillon) et que si jamais elle est bel et bien enceinte, tu pourras faire une croix sur ta paternité. Le silence pendant 12 jours = tentant. La garde à vue = moins.
- Tu peux essayer l'anesthésie légère (à base de Xanax ou d'alcool). L'intérêt: ta femme est tellement shootée qu'elle passe plus de temps à compter les éléphants roses qu'à regarder sa montre. Côtés négatifs: si ta femme est bel et bien enceinte, tu t'en voudras à mort toute ta vie d'avoir exposé ton enfant à ces substances psychotropes (et tu flipperas ta race aux échos…).
- Tu peux tenter de l'occuper 24/24h. Entre le boulot, les sorties, les copains, les restos, les cinés, les théâtres, les concerts… elle ne devrait pas avoir le temps de trop penser. Sauf que tu oublies qu'une femme est multi-taches et qu'elle peut écouter de la musique devant la télé tout en étant au téléphone avec une copine et quand même penser en continu "Est-ce que je suis enceinte? Est-ce que je suis enceinte?". Solution épuisante, potentiellement coûteuse et peu efficace.
- Tu peux rentrer dans son jeu et essayer d'être pire qu'elle histoire de la dégoûter. Si tu lui rabâches à longueur de journée des "Alors? Comment tu te sens? Tu crois que c'est bon?", il est possible que tu arrives à renverser les rôles et à la saouler. Attention, il est également possible que, ravie d'avoir trouvé un interlocuteur compatissant, elle redouble d'énergie dans sa prise de tête.
Heureusement, le temps finit par passer (si, c'est inévitable) et un jour, c'est la veille de la prise de sang qui vous donnera le verdict.
Mais comme je suis une garce sans coeur, je te garde ce dernier suspense pour demain!