Comment garder une santé mentale relativement intacte quand on a trois enfants ?
Tu le sais, lecteur chéri, puisque je te bassine avec cela depuis bientôt 10 ans, mes trois enfants sont ma joie, ma raison de vivre, le centre de mon univers, mais aussi parfois, il faut bien l’ admettre, un motif d’arrachage précoce des cheveux et d’un creusement malvenu de la ride du lion.
Heureusement, tu me connais, je suis pleine de ressources. Et j’ai donc développé des techniques de résistance afin de préserver 1) ma santé mentale et 2) la santé tout court de mes enfants.
Je partage aujourd’hui donc avec toi ces quelques petites astuces (ne me remercie pas, tu connais ma propension à aider mon prochain, je dois avoir un ancêtre apôtre).
Or donc première astuce copyright Titcheur : tenir un journal de mes humeurs.
Oui, je sais, ça fait un peu blogueuse attardée mais que veux-tu, je suis faible et influençable (j’ai acheté un Thermomix). Donc tu te doutes bien que depuis que cette mode a fleuri sur les réseaux sociaux, je me suis également mise au Bullet Journal. Et donc depuis quelques temps, je tiens un journal de mes humeurs. Il ne s’agit pas de noter la moindre frustration ou une constipation passagère. Non, je note simplement la façon dont je gère mes enfants grâce à un habile code couleur. Vert quand je suis d’humeur guillerette avec papillons et confettis, ambiance bienveillance et patience infinie. Orange quand je lève la voix et que je commence légèrement à m’énerver. Et rouge quand je gueule comme un putois. C’est très basique j’en conviens mais efficace, le but du jeu étant de récolter le moins de rouge possible. Je ne dis pas que c’est facile de s’y tenir et que ça m’empêche réellement de péter des câbles devant une énième dispute ou une enfant pénible. Mais en tous cas le sentiment de honte qui suit le coloriage en rouge de la case quotidienne est une motivation supplémentaire à essayer une nouvelle approche auprès des enfants. Bizarrement, le mercredi, journée chérie des mamans au foyer qui ont la chance de côtoyer leur progéniture plusieurs heures d’affilée, la case déteint souvent du rouge vers le cramoisi. Faut-il y voir une corrélation entre le temps passé près de ses enfants et la capacité à garder son calme ? Mes compétences en sciences comportementales étant très limitées je ne m’aventurerai pas à de telles conclusions (mais bon).
Deuxième astuce que je partage volontiers avec toi : le yoga. Cela fait 5 ans que je pratique le yoga à raison d’une heure 30 par semaine. Malheureusement mon emploi du temps cette année m’a empêchée de conserver ce sport pourtant si essentiel à mon équilibre physique et psychique. Non seulement mon corps se délie, mes douleurs au dos/aux articulations/à la tête disparaissent, mais je retrouve aussi pendant 1h30 un sentiment de plénitude, de sérénité incomparables. Du temps pour retrouver mon calme, me recentrer, évacuer le stress, les pensées indésirables, et retrouver le sens des priorités. Voilà ce que m’apporte le yoga, parenthèse enchantée dans une semaine beaucoup trop remplie. Dieu merci, le semestre prochain devrait être plus calme et je devrais pouvoir reprendre rapidement. Ainsi, si la chair de ma chair commence à me gonfler à force de chouineries ou autre caprices, une bonne respiration ventrale et 3 salutations au soleil devraient m’éviter un AVC d’énervement. Oui, je suis un peu sanguine, ce qui m’amène à ma troisième astuce.
Pratiquer un sport de combat. Et oui, on ne dirait pas comme ça, mais l’être qui rédige ces lignes et qui t’a habitué à une certaine délicatesse, voire une certaine poésie, aime se battre. (J’aime aussi me beurrer la biscotte, mais c’est un autre sujet). Cela fait donc plus d’un an maintenant que je pratique assidûment le taekwondo, art martial coréen, fondé principalement sur des coups de pieds à la tête mais pas que. Je dois avouer que je suis complètement mordue: j’y consacre donc trois heures par semaine, sans compter les divers stages le dimanche et le samedi où je peux pratiquer à loisir ma nouvelle passion. Ça peut paraître bizarre comme ça, mais il y a une véritable jouissance à taper dans un bouclier, envoyer un bon coup de coude, ou tout simplement balancer un coup de pied retourné à un camarade parfaitement consentant. Donc, deux fois par semaine, je laisse ma chère progéniture à Tendrépoux qui rentre plus tôt de chez Bourreaux &Co (20h donc) et je pars filer des gnons à mes amis. Ça défoule, et ça évite de monter dans les tours auprès des enfants. Par un heureux hasard j’ai un cours le mercredi soir. Je te dis pas la pêche avec laquelle j’envoie des Bandals et autres Yop tchaguis. Je suis tellement motivée que j’ai déjà passé 3 grades en 1 an. Et oui tu as présentement devant toi une ceinture verte de Taekwondo alors fais bien attention à ce que tu dis dans les commentaires. Mais sinon je ne suis que paix, douceur, et délicatesse, hein.
Voilà, donc en 3 mots ma philosophie éducative: 1) une auto-évaluation quotidienne impitoyable, 2) du yoga pour faire baisser ma tension artérielle et 3) de la violence physique sur personne majeure et consentante pour me défouler.
Tu demanderas à mes filles mais je crois que ça marche plutôt bien. En fait, j’ai surtout réalisé que j’étais beaucoup moins à cran quand je m’accordais du temps pour moi, pour pratiquer des sports que j’aime. Je te rassure, je n’éprouve pas le besoin de faire un sport de combat parce que ça me démange d’en coller une à mes enfants! Je ne les frappe jamais (je leur hurle dessus, quand elles me poussent à bout mais « c’est tout »). Le taekwondo me plaît parce que c’est un sport de discipline, de rigueur, qui allie souplesse, grâce, force et rapidité. J’aime la précision des gestes, le souci du détail, les chorégraphies des Pomsés et la coordination que demandent les enchaînements. Quand je suis dans le dojo, impossible de penser à autre chose qu’à ce que je fais (alors que je suis capable de concevoir un cours de master tout en passant en revue ma liste de courses pendant une séance de yoga). Je me suis créé une petite bulle rien qu’à moi et en fait c’est ce nouvel équilibre, loin du boulot, des enfants et des contraintes du quotidien, qui fait que je suis plus apte, une fois rentrée chez moi, à prendre sur moi et à rester zen quand les enfants poussent le bouchon.
Et toi lecteur, c’est quoi tes trucs pour garantir l’intégrité physique de tes nains sans finir en HP?