L'annonce faite à mes nains
Ouf! Ca y est! Les cours sont officiellement terminés dans mon cher bahut. Plus que quelques réunions, quelques dizaines de copies de bac à corriger, quelques oraux à faire passer et ce sera les vacances! Tu imagines à quel point j'en frétille d'avance! Je vais enfin pouvoir reprendre un rythme potable de ponte de billets, que tu pourras commenter jusqu'à plus soif petit veinard.
Aujourd'hui, mon "état" (ce terme m'énerve donc ce sera l'unique fois où tu le verras écrit ici) n'est plus dissimulable, non pas que je cultive le secret comme certaines en plus haut lieu, mais disons que je n'ai pas non plus pris de porte-voix pour l'annoncer au lycée. Voilà donc comment les uns et les autres se sont aperçus que non, c'était pas juste l'abus de Nutella qui pouvait expliquer mes nouvelles rondeurs...
Mes Secondes.
Fidèles à eux-mêmes, tout en tact et en subtilité. C'était à la fin de leur cours. Je les avais trouvés particulièrement bavards et agités et avais mis ça sur le compte de la météo estivale qui devait titiller leurs hormones si promptes à s'emballer. Que nenni! Il s'avère que c'était moi et ma silhouette pourtant à peine arrondie qui leur causaient tout ce trouble. A la fin du cours, donc, 3 élèves s'approchent du bureau et me demandent abruptement:
- M'dame, vous êtes enceinte?
- (Gni?) Euh, bah, euh, oui.
- C'est une fille ou un garçon?
- Euh, bah, euh, je sais pas encore.
- Ah bon. Au revoir.
Voilà, voilà. J'ai été un peu prise au dépourvue quand même. Et puis après je me suis demandée si ça se voyait tant que ça, vu qu'aucun collègue ne m'en avait parlé, que je l'avais encore annoncé à personne vu que ça faisait à peine 3 mois et que je porte souvent des blouses un peu amples. Je me suis dit après coup (et après vérification dans le miroir) qu'ils étaient un peu couillus mes élèves quand même, parce que j'aurais très bien pu juste avoir grossi. Mais bon.
Mes Premières.
Alors eux, je les ai pas vus beaucoup ce trimestre entre les convocations au bac, au BTS, les jours fériés... Bref, disons qu'il s'est bien passé un mois entre les 2 derniers cours et que du coup, ils ont un peu eu un choc. J'arrive dans le couloir pour ouvrir la porte de la salle de cours. J'entends des chuchotis:
- Tu crois que c'est ça?
- Ouais, chuis quasiment sûr. Attends, regarde ça se voit!
- T'es sûr?
- Bah pas complètement mais quand même...
Je souris discrètement et les fais rentrer en cours. Une main se lève.
- M'dame? Et pour notre voyage en Angleterre, vous en êtes où? (oui parce que mes 1ères me tannent depuis le début de l'année pour que je les emmène outre-Manche à la Toussaint de l'année prochaine, ce que je m'apprêtais à organiser avant de découvrir ma grossesse en janvier...).
- Et bien, au risque de vous décevoir, en octobre de l'année prochaine, je serai en train de donner naissance à mon bébé, donc je vais pas pouvoir vous emmener en Angleterre...
- Aaaah! Ooohh! (mélange de cris de déception et de "Tu vois, j'te l'avais bien dit!")
- C'est quoi? (un labrador)
- Vous allez l'appeler comment? Vous pouvez l'appeler comme moi si vous voulez! (C'est cela oui)
- C'est votre premier? Ah la la! Comme vous devez avoir peur de douiller à l'accouchement! (Mais-euh!)
Bref, le véritable interrogatoire. Très mignon dans l'ensemble même si j'ai bien senti que le sentiment prédominant était le "p*tain, fait ch*er, on va pas pouvoir partir l'année prochaine". Sorry guys!
Mes terminales.
Alors là, je sais pas si c'est l'imminence du bac, la timidité, ou une cécité passagère, mais il semblerait que mes élèves de terminales ne se soient aperçus de rien ou qu'ils aient estimé que cela ne les concernait pas ou ne les regardait pas. Donc rien. Aucun commentaire. Même pas un regard en biais pour voir. Jusqu'au tout dernier cours où la déléguée de classe a levé le doigt et demandé:
- Au fait madame, on vous a félicitée?
- Hein? Euh, bah, euh, non.
- Ah ben félicitations alors!
- Ah, euh, bah, euh merci alors.
Voilà, voilà. Au revoir, bonne chance au bac et bonne continuation. Le reste de la classe est resté muette et on a repris le cours. Parenthèse fermée, point à la ligne. Non pas que ça me gêne. Je ne me voyais pas faire une annonce officielle, mais c'est vrai que c'était un peu bizarre.
Mes collègues.
Bien évidemment, il y a mes collègues-potes à qui j'ai annoncé l'événement en personne. Quand même, j'ai un minimum de savoir-vivre. Le tout était de trouver un créneau un peu plus long que les 5 minutes d'intercours afin d'éviter le courant-d'airesque "Ca va toi? - Oui, je suis enceinte! - Ah, super, on en parle à la prochaine pause?".
Et puis il y a les collègues dont je suis un peu moins proches, pas par manque d'affinités, mais plutôt par manque de contact lié à des emplois du temps décalés. Eux, en général, s'en sont rendus compte par eux-mêmes.
- Aaaah! Petite cachotière! (Gni? Oui Carla B-S à côté de moi c'est une journaliste à Voilà).
- C'est pour quand? Octobre? Comme mes filles! Tu verras, c'est super comme enfants. (J'vois pas le rapport mais merci).
- Je m'étais bien dit que c'était pas juste l'abus de chocolat! (Euh, c'est un compliment ça?)
- T'es enceinte de 4 mois??!! Mais ton ventre est énooorme! Moi à 4 mois, ça se voyait pas! (Et ma main dans ta gu..., elle se voit?)
Bref, évidemment, je grossis le trait. Tous ont été adorables et j'ai droit à de grands sourires quand ils me voient monter les escaliers en soufflant telle une baleine en apnée. Certains contrôlent même ma prise de caféine ("C'est ton combientième café là? Ah c'est du déca?") ou me proposent un gâteau en me disant que "dans mon 'état' (scrogneugneu), j'y ai bien droit".
Et puis il y a mon collègue d'ingliche Jipé. Toujours un peu sur la lune. Pourtant très porté sur le foot, Jipé n'a pas encore remarqué que j'avais le ballon (désolée, j'ai pas pu m'empêcher de la faire celle-là). Pourtant, là, y a vraiment plus aucun doute... C'est donc un autre collègue qui l'a affranchi récemment:
- Mais non, Titch elle sera pas là à la rentrée! Elle va avoir un bébé t'as pas vu?
- Un bébé? Ah bon?
- Oui, tu sais, un machin rose avec 2 bras et 2 jambes qui pleure qui fait des gazouillis.
- Ah?
Voilà, lecteurounet. La planète, que dis-je, l'univers entier est maintenant au courant. Y a que dans les queues au supermarché que les gens ne semblent pas avoir encore percuté. Mais ça, c'est une autre histoire...