Mariez-vous qu’ils disaient…

Il y a plus de deux ans déjà, je convolai en justes noces avec mon beau consultant. Le mariage fut parfait, nous ne nous trompâmes point dans nos réponses, ni dans les noms, les bagues furent passées au doigt, et la fête, où tous les habitants du royaume avaient été conviés, dura jusqu’à l’aube.
Mais pour en arriver là, ce fut un véritable parcours du combattant qu’il nous fallut traverser. Car oui, nous tînmes avions tenu à nous marier à l’église, en bons catholiques que nous fussions,  fûmes sommes.
Bon, j’arrête là avec le passé simple, j’ai le Bescherelle qui me tombe des mains et je sens que tu as les yeux qui commencent à piquer. Si, si.

Reprenons. Comme je te le disais avant que tu ne m’interrompes avec tes problèmes de conjugaison, ayant tous deux reçu une éducation catholique classique (baptisés, communiés, catéchisés), ma douce moitié et moi nous sommes bêtement dit que, bien sûr, notre mariage serait célébré par un gentil prêtre, dans une jolie église de notre choix, avec de mignons enfants de chœur recrutés sur catalogue Cyrillus et avec une dame qui chanterait les psaumes de sa voix suraiguë et légèrement chevrotante. Il suffirait juste d’aller voir à la paroisse du coin quelles formalités il nous faudrait remplir pour pouvoir tranquillement bouffer de l’hostie le jour J.
C’est donc le cœur léger et confiant que nous avons pris rendez-vous avec le Père Collateur (les noms, pour des raisons éthiques évidentes, ont été changés), prêtre dans notre paroisse parisienne bien bobo. Mais ce que nous ignorions et que nous n’allions pas tarder à découvrir, c’est qu’il fallait montrer patte blanche et que le Père Collateur avait probablement étudié dans la même promo que Julie Lescaut.
« Alors, comme ça, vous souhaitez célébrer votre union en notre Sainte Mère l’Eglise ? Pourquoi la mairie ne vous suffit-elle pas? »
Nous, sûrs de nous : « Et bien mon Père, parce que nous avons tous les deux une éducation catholique et que nous ne pouvions concevoir une simple union civile. Nous voulons que Dieu bénisse notre mariage (et toc!) .
- Alors pourquoi ne pas vous contenter d’une bénédiction ? Pourquoi vouloir une messe ?
Regards entendus avec chéri : il nous teste le coquin…
« Et bien parce que nous sommes tous deux sincèrement croyants et que nous souhaitons communier avec le Seigneur en ce jour béni (si on parle son langage, peut-être qu’il arrêtera avec ses questions tordues).
- Oui, bien sûr, je comprends. Vous êtes baptisés, communiés et confirmés, bien entendu ? »
Nous, vachement fiers de notre sans faute :  « Oui, on a été baptisés tout petit, on a fait notre première communion et notre profession de foi. »
Lui, avec un léger dédain : « Oui, enfin, comme vous le savez, la profession de foi ne compte pas, c’est le sacrement de la confirmation qui importe. »
Nous, moins malins : « Euh, non, la confirmation on l’a pas faite. Pourquoi, c’est important ?
- Disons que c’est surprenant : vous voulez vous marier avant d’être confirmés ? »
Ké?
« Pourquoi, c’est indispensable ?
- Non, mais c’est un peu gênant que vous ne le soyez pas. Ce serait comme passer le bac alors que vous n’avez pas eu le brevet des collèges, c’est absurde. »
Gni?
« Mais, on va quand même pouvoir se marier à l’église ?
- Oui, bien sûr, nous ne pouvons pas vous fermer la porte, mais il est étonnant, pour des catholiques qui se disent sincèrement croyants, que vous ne soyez pas confirmés, c’est tout. »
Et là, tout à coup, c’est les sueurs froides. Toi qui croyais être au point parce que tu avais fait un peu de caté, tout à coup, tu te retrouves à googler « confirmation» pour comprendre où tu as foiré. Tu lis que « La confirmation donne l'Esprit Saint pour nous enraciner plus profondément dans notre vie d'enfant de Dieu, nous unir plus fermement au Christ, rendre plus solide notre lien à l'Église ». Tu ne comprends toujours pas où tu as foiré. Tu en veux mortellement à tes parents de pas t’avoir forcé à faire cette … de confirmation quand tu avais 16 ans. Tu es prêt à faire des dons outrageusement généreux à ta paroisse pour faire bonne figure. Tu t’inventes un engagement caritatif au Secours Catholique. Tu es même prêt à te balader avec une photo de Benoît XVI dans ton portefeuille si ça peut te permettre d’éviter la crise cardiaque à ta mère qui a déjà commandé les gerbes de fleurs à 400 Euros pour l’église.

Et cette première rencontre n’est que le début d’une longue prise de tête d’un long cheminement spirituel qui te prendra plusieurs mois, des soirées à faire l’exégèse de la Bible, et des dimanches entiers autour de pique-niques à thème (« Le couple catholique dans la France du 21ème siècle », « Conseils pratiques d’un évêque pour un couple épanoui»…). Si ta foi est solide, tu en ressors grandi, mû par un sentiment mystique intense, au point que tu irais presque à la messe tous les dimanches tellement que ton mariage est une mission divine, tellement que Dieu est dans ta vie, tellement que Bernadette Soubirou, à côté de toi, est une infâme impie.
Sinon, tu sers les fesses et tu souris.

Note personnelle de l’auteur de ce blog au lecteur éventuellement athée, agnostique, juif, musulman, ou de toute autre confession : pour te remercier d’avoir lu jusqu’au bout ce billet qui amusera l’initié, révoltera le catho conservateur, ou découragera les jeunes fiancés, voici une petite vidéo pour te rappeler que, heureusement, tous les chrétiens ne sont pas des gros coincés qui ne savent pas s’amuser.

Comments

[BeaLeB]

Non, il ne s'appelle pas Tryphon en vrai... Il a juste la même tendance :
"- Mets ton manteau
- Pouquoi tu veaux que j'aille en haut?"

[FOLCOCHE]

Je me moque pas, je dis que c'est vraiment original et que Tryphon, c'est super mignon. C'est comme Bianca, c'est joli.

[FOLCOCHE]

c'est vraiment le nom du mioche Tryphon ? ou juste un pseudo pour pas kon reconnaisse les parents (tintinophyles quand même) ?
Si c'est Tryphon pour de vrai, je dis bravo, faut le faire. Il était fourni avec le sonotone ou bien ?

[dorsi]

et bien il est encourageant celui la !! je comprends pourquoi je me suis fait rayée des listes de l'églsie

[BeaLeB]

Lors de nos Hépousailles, l'abbé Tise était super sympa, ouvert, drôle et ravi de venir à la soirée "parce que c'est l'occasion de rencontrer mes paroissiens dans d'autres circonstances..."

Pour le baptème de Tryphon, la préparation parisienne était l'exemple de ce que je n'apprécie pas : très rigide, culpabilisante...

En revanche, la cérémonie était Parfaite...

Mais il a grandi et c'est l'inscription au KT qui a été épique : "le groupe est complet et il n'est pas question d'en faire un deuxième"...????