Vivement les vacances !
Hi, reader !
Ça y est, j’ai repris les cours. Heureusement que c’est déjà le ouiquende pour m’en remettre ! D’ailleurs, je voulais clarifier un point avec toi. Les non-titcheurs me font toujours cette remarque aigrie étrange : « D’façon, vous les profs, vous avez trop de vacances, vous devez vous ennuyer / c’est un scandale que ce soit le contribuable qui vous paye à rien glander / vous avez même pas de thunes pour en profiter vraiment. »
Déjà, je tiens à souligner que ce sont en général les gens qui n’ont pas assez de vacances qui trouvent que toi tu en as trop. Si je n’étais pas si philanthrope, je penserais que ces gens sont un chouïa jaloux, mais ayant foi en mon prochain, je vais mettre leur amertume sur le compte de leur ignorance.
Car, à ton avis, on fait quoi pendant les vacances ? On branle la nouille ? Pas du tout ! Les vacances, comme leur nom l’indiquent, ne sont que du temps libre qui nous sert à préparer nos cours, corriger nos copies, et apprendre le nom des élèves qu’on ne connaît toujours pas alors qu’on est en novembre. Et ceux qui te diront qu’on va au cinoche, qu’on fait du shopping ou qu’on part aux Bahamas ne le font que pour te dégoutter du fait que toi, tu bosses dans une boîte de conseil.
Bah oui, crédule que tu es, tu crois vraiment qu’avec son misérable salaire, le titcheur peut se payer un aller-retour aux Caraïbes ou un cachemire de chez Maje ? Au mieux, on utilisera notre carte de prof pour avoir 5% de réduc sur nos bouquins ou pour griller la queue au Louvre, mais tout cela, nous le faisons uniquement dans l’intérêt de l’élève. Nous cultiver, encore et toujours, pour offrir à nos chères têtes blondes le meilleur enseignement possible. Tel est notre serment quand on devient professeur.
Bon alors évidemment, moi je suis Ingliche Titcheur, donc mon programme de vacances est léééégèrement différent et s’adapte à la matière que j’enseigne avec dévouement. Tous les jours, sans relâche et avec l’acharnement d’une fashionista un jour de soldes, j’enchaîne séries et films américains pour me remettre à niveau à l’oral et romans anglais pour peaufiner l’écrit. Puis je casse ma tire-lire à l’effigie de notre cher ministre pour me payer un petit aller-retour à Londres histoire de vérifier que la librairie Waterstones est bien toujours sur Oxford Street (j'avais un doute, c'est ballot). A peine rentrée, je m’enfile un moyen Latté au lait écrémé et un muffin chocolat-banane chez Starbuck pour garder le contact avec la gastronomie anglosaxonne. Un concert de Mika ? Parfait pour mieux me connecter à la jeune génération. Et bien sûr, je manquerais à mon éthique personnelle si je ne restais pas au fait des tendances londoniennes, alors zou ! une petite commande sur topshop.co.uk. Manquerait plus que l’Ingliche Titcheur s’habille comme un sac alors que la nouvelle capitale de la mode, c’est plus Paris, c’est Londres. Fais pas cette tête-là, lecteur, tu sais bien que c’est pas à la Goutte d’Or que tu vas croiser Kate Moss, et Stella McCartney n’est pas la fille cachée de Sacha Distel que je sache …
Evidemment, tu t’imagines bien que ça fait des jaloux chez les collègues. Bah oui, je crois pas qu’un prof de physique ou de lettres classiques puisse avoir un pareil programme et le faire passer sur le compte de sa préparation de cours. Non, là, ce serait vraiment du foutage de gueule…
Pour les prochaines vacances, j’hésite entre deux nouveaux cours pour mes secondes :
« Christmas in New York City : traditions and innovations on 5th Avenue »
ou
« Winter in France, summer in Australia : surfing with Santa Klaus »
T’en penses ?