Celui qui n’a jamais fait d’échographie endopelvienne ne sait pas ce qu’il perd…
L’une des joyeusetés de la
Procréation Médicalement Assistée, c’est l’échographie endopelvienne qui sert à
monitorer l’ovulation. En gros, on stimule l’ovulation grâce à des injections
quotidiennes d’hormones, et pour vérifier que tout se passe bien, on fait une
prise de sang et une échographie tous les deux jours jusqu’à l’ovulation.
Non, lecteur testostéroné, ne
fuis pas ! Je sais que tu ne te sens pas concerné par le problème mais
voici là une opportunité unique d’en savoir plus sur le sexe opposé. Toutes ces
questions que tu te posais hier encore enfant (« Si on remonte
jusqu’en haut, arrive-t-on au nombril ? », « Est-ce aussi
compliqué à l’intérieur qu’à l’extérieur ? ») témoignent de cette
curiosité bien naturelle que je m’en vais assouvir de ce pas. Alors, fais un
petit effort d’imagination et imagine-toi 5 minutes avec un utérus et une paire
d’ovaires (comme un zizi réversible quoi).
Et toi, lectrice, qui fait ta maligne depuis tout à l’heure, ne glousse
point ! Si tu es déjà passée par là, tu sais à quel point ce que je
m’apprête à révéler est délicat. Et si tu n’as pas encore connu cette joie,
dis-toi que ça pourrait bien t’arriver aussi…
Or donc, cette fameuse échographie
endopelvienne consiste à insérer une sonde oblongue, préalablement protégée par
un préservatif et enduite d’un produit gluant dans le vagin afin d’aller
regarder là-bas dedans comment ça se passe. En général vers 7h30 du matin. Tu
te retrouves donc en position du poulpe échoué, jambes écartées, petit-déj’ à
peine digéré, à te faire examiner le fondement par un gentil monsieur,
échographe de son état.
Et cela donne des conversations
tout à fait fascinantes :
« Vous pouvez vous
déshabiller. Non, que le bas Madame… Attention, ça va être un peu froid. »
Et là, gloups, un truc glacial et
dur s’introduit. Nan, ça vibre pas. Il est vachement fortiche l’échographe car
il trouve toujours l’entrée sans regarder, d’un geste souple. Le pro quoi. Toi,
tu n’oses piper mot. Chacun fait genre tout est parfaitement normal, alors que
tu es à moitié à poil, une sonde entre les cuisses avec un homme qui pourrait
être ton père au bout de ladite sonde tandis que ton tendre époux est encore en
train de se raser ou de bouffer sa tartine.
« Bon, votre utérus est très
bien. Je vais mesurer son épaisseur… 9 mm, c’est pas mal. »
Il bidouille avec son ordinateur
pendant que toi tu plisses les yeux pour essayer de comprendre où est ton
utérus. Bizarrement, tes schémas de biologie de 3ème sont loin, très
loin…
« On regarde les ovaires
maintenant. A droite, rien… »
En effet, toi, tu ne vois rien.
Ouf, c’est normal. Puis, il te déchire le bide en baladant sa sonde d’un côté à
l’autre.
« A gauche, ah ! Un
magnifique follicule ! 20 mm ! »
Là tu vois une espèce de balle de
ping-pong toute noire (le follicule, c’est-à-dire le sac qui contient l’ovule,
ignare). T’es contente parce que t’as enfin vu quelque chose.
« Ça, c’est une belle
ovulation qui se prépare !
-C’est vrai docteur, vous dites
pas ça pour me faire plaisir ?
- Non, je vous assure. Y a pas de
raison pour que vous ne nous fassiez pas un beau bébé avec ça.
- Mouais, vous m’en direz
tant… »
Et là, sans prévenir, il te
retire la sonde d’un geste fluide, te tend du papier et te dit de te rhabiller.
La parenthèse enchantée se ferme, la vie reprend son cours et le ton redevient
bien vite plus professionnel : « Ça fera 80 Euros. »
Ouch.
Puis tu repars confiante,
tellement fière de tes entrailles que tu brandirais presque ton échographie à
la figure du premier badaud. Sur la route, tu as appelé ton mari, cet homme
divin et tellement concerné, pour lui annoncer la bonne nouvelle. Lui était en
réunion et ne peut pas vraiment te répondre et ça donne ça en gros :
« Chéri ! Je sors de
mon écho. Follicule à 20 mm.
- Oui, je vois. Ça donne quoi
comme planning ?
- Je vais bientôt ovuler
normalement. Demain ou après-demain.
- Ah oui, OK. C’est quoi la next
step ?
- Ben, ce soir :
câlins !!!!
- Je prends mon agenda et je vois
quand je peux te mettre caser. »
Quand tu arrives enfin au boulot, complètement à la bourre,
le retour à la réalité est un peu bizarre. Les élèves, trop contents de ton
retard, ont décrété que tu étais absente et sont partis jouer au babyfoot au
troquet du coin (bon, ok, en vrai, ils sont partis faire de la mini-moto sans
casque dans la cité d’à-côté). Tes collègues te regardent d’un air suspicieux
(« Genre elle avait un examen médical, comme par hasard juste le jour où
elle commence à 8h… »). Même toi tu ne sais plus trop quelle classe tu
étais censée avoir ce matin.
What the hell. T’as une balle de
ping-pong dans le bide. T’es trop contente.